“Accept that some days you are the pigeon,
and some days you are the statue.”
— David Brent

Le problème, quand on est une statue et qu'on est exposée dehors, c'est que les oiseaux de tout poil toute plume adorent se poser sur nos splendides têtes dans le but avoué d'y déféquer. On peut les comprendre : en effet, y-a-t-il plus grand plaisir dans la vie que soulager ses intestins ou sa vessie en pleine nature, le regard fièrement porté vers l'horizon, les pensées voguant sur l'océan infini du soulagement? Non, assurément non.

Malheureusement, et comme le disait Mamma Giovanna (de son vrai nom Claudia Giovanni Delarte), vénicienne préposée au nettoyage d'excrèments statuo-aviaires entre 1746 et 1823 : "il guano bueno, il mano pericoloso sporgersi" (pour les non-italianophones : "quand le guano est bon, mes mains en souffrent le martyr, et franchement faudrait que ça cesse")

En plus, faut bien avouer qu'une statue pleine de guano, c'est pas top.


Notons la fierté affichée du fieffé fienteur.

Alors, de tout temps, l'homme a tenté par tous les moyens de protéger ses statues de l'infâmie du bronze coulé du ciel.

Ainsi des études scientifiques ont pu démontrer que sur l'ïle de Pâques, de jeunes vierges étaient préposées à la surveillance des statues alors en pleine érection. Ces concierges pascales dansaient et chantaient du matin au soir afin de produire le plus de bruit possible et faire fuir incontinent les volatiles indésirables.

Les romains utilisaient eux une auréole, disque posé au dessus de la tête des statues pour les protéger des colombins aériens. Notre civilisation moderne a préféré déplacer l'auréole vers l'aisselle de l'homme désireux d'éloigner toute femme.

On peut également apprendre qu'à Londres (Royaume Uni), certaines têtes de statues sont électrifiées (légèrement) afin que l'oisal le plus pressé aille à tire d'aile faire ailleurs son shopping sa commission, émettant sur son trajet de petits cris de douleur que les chalands émerveillés prendront pour une printanière parade nuptiale de plus.

Ces solutions, pour aussi efficaces qu'elles puissent paraître au premier abord, ont posé et posent des problèmes pratiques :
- Les vierges de l'île de Pâques le sont restées et ont vieilli. Elles ont été remplacées par d'autres vierges, et, une chose en amenant une autre, la civilisation pascale, qui dominait alors le monde libre s'est affaiblie jusqu'à devenir une minorité réduite en esclavage.
- Les auréoles sur les statues romaines ont permis à une religion nettement moins rigolote de s'étendre, prétendant être la seule vraie religion du coin. De plus, l'auréole, à force d'être utilisée comme toilette plate finissait par déborder sur les épaules de la statue : résultat nul.
- En cas de coupure d'électricité, des millions de pigeons vengeurs et au bord de l'occlusion se jettent sur la tête de Churchill pour y déposer leur propre cigare...

Alors? Pas de solution? Eh bien si. Lors d'un tout récent voyage à Jersey (île anglo-normande ressemblant en fait très fort à un petit bout de Bretagne, mais où les masses laborieuses parlent plutôt différentes variations du slave), j'ai pu découvrir la solution miracle proposée par les Crapauds (l'autre nom des habitants de l'île). Cette solution porte un nom :

le punk

Il semblerait en effet que les volatiles vouent une terreur indicible aux keupons. Et partant de ce principe, les jersiais ont décidé la punkisation des statues, comme en témoigne la photo ci-dessous, photo de la statue du Roi George V (célèbre pour ses hôtels) :


George le keupon effraie les oiseaux.

Le résultat est parfait, comme vous pouvez le voir : la statue est propre, et pas du tout ridicule, et en plus, le vieil adage britannique est toujours d'actualité. Punk's not dead, Georgie!