A propos de Finding Forrester de Gus Van Sant

Par Jérôme

Mon cher Jamal

Connais-tu Joe Sample ? Je ne crois pas t'en avoir jamais parlé ! Moi qui déteste le jazz, j'adore Joe Sample. J'ai entendu il y a quelques semaines un de ses disques chez un critique musical dont la fille en était folle. Quand je suis arrivée chez lui, elle faisait des cabrioles dans sa piscine en écoutant un de ses albums à plein volume ! Puis elle est venue me dire bonjour, toute mouillée. Je lui ai demandé sur quelle musique elle s'ébattait ainsi. Elle m'a répondu : " Ça ? C'est du Joe Sample ! Vous ne connaissez pas ? " j'ai répondu que non. " Ah C'est pourtant le plus mauvais musicien de jazz qui soit ! " Puis elle est repartie en sautillant vers la piscine et y a replongé comme un poisson que l'on rend à la mer.

Mais toi, mon cher Jamal, comment vas-tu ? Il semble que tu puisses consacrer beaucoup de temps à l'écriture : je viens de lire ton scénario Finding Forrester. Tu vois : tu as eu le courage de le mener jusqu'au bout ! La ténacité est toujours récompensée. Et je suis sûre que le secret du génie, c'est d'accointer l'intelligence et la volonté. Car l'intelligence sans volonté s'égare, et la volonté sans intelligence piétine. En tous les cas je te félicite ! J'ai hâte de savoir qui va le réaliser, qui va jouer effectivement dedans et d'aller le voir, avec toutes mes copines de Harvard, pour faire la fière !!!

Je me suis acheté un autre disque de Joe Sample : Old places old faces. Je ne sais pas si ma dauphine de Newport l'a elle aussi de toute façon, je lui ai promis de la rappeler un de ces jours, et, je ne sais pas trop pourquoi, j'ai de plus en plus envie de le faire ! Je le mettrai, quand Ashes to ashes sera fini. Peut-être en sentira-tu là aussi quelques notes dans l'ordonnance capricieuses des blancs qui séparent les mots de mes phrases, comme les sages anciens qui entendaient dans le dessin des constellations l'harmonie de tous les mondes !!!

A propos, je t'écris en français, parce que je sais que tu le lis couramment, mais aussi parce qu'à Harvard je viens d'être acceptée dans "le" club des francophiles de l'université ! C'est l'un des plus chics ! Nous nous retrouvons une fois par semaine pour nous lire de la poésie française et faire la relation de nos meilleures lectures. Nous regardons des films aussi, et écoutons de la musique. C'est génial. Hier soir, lecture des Chimères de Nerval ; présentation de Mademoiselle de Maupin de Théophile Gautier par Cassey (tu te souviens d'elle ?) ; ensuite le Festin de Babette de Gabriel Axel (ça n'est pas un film français, mais on y parle français, et, surtout, on y mange français !!!) ; enfin la Salomé de Richard Strauss dans la version française. C'était génial. Tu aurais adoré.

Bien sûr j'ai envie de te parler de Finding Forester, de te dire tout ce que j'en pense, en bien et en mal. Mais je ne veux pas faire que ça. Par exemple, ton scénario, une fois lu, m'a donné envie d'écouter Ashes to ashes. Et ça, finalement, c'est peut-être plus important que tous les avis savants qui sauraient t'être donnés sur ton texte. Car finalement, ce que j'aurai préféré dans ton scénario, ce sera peut-être ça, qu'il m'ait rappelé, sans que je sache aucunement pourquoi, et d'une manière plus forte qu'un souvenir, cette visite d'il y a quelques semaines, cette musique, et un sentiment étrange du temps qui meurt sans cesse de trop vivre. Car aujourd'hui que j'écoute ce disque, Ashes to ashes, comme le Phoenix qui renaît de ses cendres, je revois les traces de pas mouillé courir vers l'eau et le maillot rouge de cette fille voler dans l'air toujours bleu de la piscine

Mais je sais que tu attends de moi l'exercice difficile de la critique ! L'an dernier, j'ai reproché à un type une phrase d'un de ses textes, dans laquelle il disait que pour accueillir son amant, une amoureuse avait mis Noces de Strawinsky en sourdine ! Je ne sais pas si tu connais cette pièce violente et sinistre, mais je crois que s'il y a un morceau que l'on ne peut pas écouter en sourdine, et avec lequel une amante ne peut pas, décemment, accueillir un amant, c'est bien Noces de Strawinsky. Pourquoi pas, sinon, jouer la Marche nuptiale de Louis Vierne à une sortie de mariage ! Bref, il avait été fort fâchée de cette remarque et s'était persuadé encore longtemps après que je n'avais qu'un but, celui de me moquer de lui

Le critique musical de Newport dont je te parlais, est donc, lui, officiellement, critique. J'apprécie beaucoup ses articles, et je lui avais écrit pour le lui dire. Tu vois, je crois qu'il y a trois choses à attendre d'un bon critique. D'abord qu'il soit érudit, et qu'il sache faire part largement de son savoir. Ensuite qu'il soit intelligent, c'est-à-dire qu'il sache ordonner son savoir pour le rendre utile ; enfin qu'il ait un style qui lui soit propre, une manière de dire qui le rende unique, et en laquelle on le retrouve toujours, comme une odeur s'attache à une nuque, la couleur d'un iris à un regard, et le timbre d'une voix aux commissures des lèvres qu'on aime.

Sinon, j'aime toujours autant ton écriture. Non pas celle du "tapuscrit" de Finding Forrester, qui ressemble à celle de tous les "tapuscrits" du monde, mais celle, manuscrite, de la petite lettre que tu y as jointe. Et d'ailleurs, la première fois que je l'ai lue, je ne l'ai pas lue, mais seulement regardée, suivant des yeux les boucles et les lignes, imaginant ta main les tracer, et je savais à la fin ce que tu me disais, sans avoir eu à lire les mots, mais simplement en les ayant vus, dessinés là, ligne après ligne.

Le critique m'a donc invité à Rhodes Island, dans sa maison de Newport, après avoir reçu cette lettre que je lui avais écrite, pour m'en remercier ! Je me souviens d'une phrase qu'il m'a dite, pendant que Joe Sample faisait pirouetter sa fille dans la piscine : " Vous avez raison : une &oeliguvre ne vaut que par les discours qu'elle suscite. " Je ne sais pas si j'avais raison, mais c'était dire en une phrase ce que j'avais voulu dire en une lettre.

Donc Finding Forrester La première chose que j'aimerais te dire, et qui va peut-être te scandaliser est la suivante : tu aurais dû laisser tomber Forester ! Le personnage de vieux génie reclus m'a ennuyée d'un bout à l'autre par ta faute : tu n'as rien à lui faire dire. Certes tu dis qu'il a écrit un chef-d'&oeliguvre ; tu dis qu'il est encore un écrivain de génie ; tu dis tout cela, mais que montres-tu ? Où le voit-on, le soi-disant génie ? Imagine un film sur un violoniste génial qu'on n'entendrait pas jouer une note. Ou un peintre génial dont on ne verrait pas une toile. Or ton Forester ne dit rien. Ou rien de plus que des banalités. Donc il est ridicule. Et comme il ne fait pas rire parce qu'il est prétentieux, il est ennuyeux.

Sinon, ton vieux grigou me rappelle un vieux pianiste de 92 ans chez qui je suis passée le mois dernier, parce que j'allais voir de la famille près de Nashville. C'est un ancien New Yorkais, qui a joué à Carnegie Hall, qui y a rencontré Rubinstein, Rachmaninov (dont il a une superbe dédicace), qui a assisté à une répétition de Glenn Gould où pendant une heure ce dernier a ajusté la hauteur de son fauteuil avec des bottins. Bref, un vieux papi passionnant. Il a des chaises Louis XV magnifiques, et des peintures à l'huile avec lesquelles je serais bien repartie !!! Il m'a joué d'abord quelques uns de ses vieux bis, un pot-pourri de Gershwin, un autre de Johann Strauss, c'était très plaisant. Puis nous sommes passé aux choses sérieuses. Il m'a proposé : " Chopin ou Debussy ? " Je lui ai demandé de deviner. Il a dit : " Debussy Vous avez une voix qui aime Debussy " Alors il a joué les Estampes. Comme ça ! A 92 ans !!!

Tu vois ce que je me suis dit : il est facile de mettre en scène des personnages sots, ou faibles, ou faillible, parce qu'il est facile à tout le monde d'en imaginer. Il est beaucoup plus difficile de créer des personnages de génie. Parce qu'il ne suffit pas de dire au public que ton personnage est génial ; encore faut-il lui prouver qu'il l'est. Pour la force exceptionnelle, tu peux y aller au bluff avec les trucages, comme le coup des 30 paniers ; pour la mémoire, il y a le scénario, comme dans ta scène de duel de citations, que tu a préparée tranquillement dans ta chambre, par écrit, et qu'ensuite ton héros semble improviser à l'oral. Mais pour l'intelligence, pour le génie, c'est autre chose ! D'ailleurs, l'idée d'interrompre le discours de ton Forester par des plans de visages pris dans l'auditoire ne montre qu'une chose : que tu es incapable d'écrire le discours soi-disant génial de ton héros.

L'idée d'un film sur un musicien de génie sans musique géniale me rappelle l'Amadeus de Forman : deux musiciens, un génial et un médiocre ; après la mort du génial, le médiocre reconstitue la vie du génial en reconnaissant le génie de son &oeliguvre, mais en faisant de l'homme un absurde bouffon, grotesque d'indécence et de superficialité. Mais comme il fallait à Schaeffer (l'auteur de la pièce) de la musique géniale pour que son histoire tienne, et comme il est difficile d'engager un compositeur en lui disant : " Ecrivez-moi 90 minutes de musique géniale. ", il a emprunté celle de Mozart, et donné à son musicien génial l'apparence de Mozart, et au musicien médiocre celle de d'Antonio Salieri (qui fut le maître de Beethoven, de Liszt et de Schubert !) C'est absurde, bien sûr, mais ça nous permet au moins, dans le film, d'entendre de la bonne musique.

La fille du critique de Newport, quand elle n'était pas à s'adonner aux plaisir f&oeligtaux de l'impesanteur aquatique, était violoniste à la Julliard School. Imagine que son père m'ait dit : " Mademoiselle, ma fille est une brillante violoniste. Elle étudie à la Julliard School. " Et après ? Tout le monde peut dire ça ! Lui, lorsqu'elle a fini par cesser sa chorégraphie nautique, lui a demandé de se changer et de me jouer quelque chose. Elle m'a dit : " Vraiment ? " avec un grand sourire. Puis elle est revenue, les cheveux tout secs, avec son violon. Nous nous sommes tus. Elle a regardé dans le vide comme pour interroger le silence, puis d'un grand coup d'archet, elle s'est mise à jouer la cadence du concerto de violon de Sibelius. Ça n'est qu'après que son père m'a dit qu'elle était étudiante au Lincoln Center. Alors elle a haussé les épaules en disant : " Il ne fallait pas le dire ! "

Je repense à ta réflexion sur les paragraphes qui commencent par des conjonctions. Elle m'a rappelé une époque, peu avant que tu arrives dans notre classe, où je notais sur un petit carnet toutes les phrases françaises que je rencontrais et qui commençaient par " Car ". Et puis j'ai perdu ce carnet ! Tant mieux, d'ailleurs, car cet inventaire n'avait aucun intérêt, si ce n'est celui d'être heureuse dès que je pouvais mettre la main, au détour d'un texte, sur une nouvelle conquête ! Il m'en reste une, malgré tout, inoubliable. Comme je la sais par coeur, je te la donne. Elle vient tout droit d'une oraison funèbre de Jacques Benigne Bossuet, un orateur français du XVIIème siècle. Ecoute ça dans ta tête : " Le psalmiste dit qu'à la mort périront toutes nos pensées ; oui, celle que nous aurons laissé emporter au monde, dont la figure passe et s'évanouit. Car encore que notre esprit soit de nature à vivre toujours, il abandonne à la mort tout ce qu'il consacre aux choses mortelles ; de sorte que nos pensées, qui devaient être incorruptibles du côté de leur principe, deviennent périssables du côté de leur objet. " Ça, mon cher Jamal, c'est du génial à 100%. Et c'est autre chose que celle que tu extrais du soi-disant chef-d'&oeliguvre de ton Forrester, sur la douleur qui demeure, bien sûr, chez les vivants qui ont perdu un être cher

Comment te dire avec des mots la manière dont la fille de Newport joua la cadence de Sibelius ? Ç'aurait été à son père de le dire ! D'ailleurs, là encore, je ne l'entendais pas, je la voyais : l'arcure de ses phalanges, l'oscillation de son corps qui me faisait sentir dans ma propre respiration celle de la musique, et ces coup d'archet, cette agressivité qu'elle contrôlait d'un regard, lancé contre elle-même, lorsqu'elle craignait, ne serait-ce que pour une note, de ne pas être parfaite. Alors la musique devait se sentir en telle sécurité qu'elle osait naître, qu'elle osait affronter le monde et se montrer, en chair et en os, réalisée. Vivante donc. Car tout ce qui n'est pas réalisé est lettre morte.

Amadeus me fait penser à F. Murray Abraham, qui y jouait le pseudo-Salieri. Voilà un acteur qui ferait très bonne figure pour le professeur de ton héros. Je ne le connais pas personnellement, mais je pense que c'est le genre de rôle qui lui conviendrait. Il a l'autorité naturelle qui justifierait le côté un peu caricatural que tu lui donne. C'est d'ailleurs, de tous, le seul personnage que j'aurais conservé. Non que je n'apprécierais de voir Sean Connery (qui était très bon dans Entrapment, tu te souviens !) ni la petite Paquin que tu proposes pour incarner la gentille étudiante (est-ce moi, d'ailleurs, la "gentille étudiante" ???) Ce n'est pas le choix des acteurs qui m'ennuie, mais les deux personnage que tu leur fait jouer.

D'ailleurs, je n'aime pas trop non plus ton héros. Surtout à cause de ce caractère vindicatif que tu lui donnes. Je pense encore à la scène de l'entraînement de basket, ou, toujours, à la scène du combat de citations. Tu n'étais pas comme ça, toi, lorsque tu es arrivé chez nous : tu étais une ombre ectoplasmique, toute insignifiante dans sa gentillesse et son application. C'est ça que je trouvais génial : cette toute puissante docilité, quand on se sait malvenu, cette discrétion contrôlée qui ouvre, sans que personne ne s'en rende compte, toutes les portes. En fait, pour retrouver ça, tu aurais peut-être dû faire de ton héros une héroïne. Elle t'aurait aidé, peut-être, avec son corps et son sourire, à retrouver cette affabilité de principe qui manque à ton héros, et qui était pourtant la tienne, cette façon d'être toujours poli, même et surtout avec ceux qui vous veulent du mal, cette manière d'être absolument tolérant avec autrui et terriblement exigeant avec soi-même, qui est la recette infaillible de la sagesse.

Mon vieux pianiste, après les Estampes, m'a demandé si je voulais lui jouer quelque chose. Je lui ai proposé la transcription de Liszt de la Fantasia et Fugue en sol de Bach, ou la sonate Waldstein de Beethoven. Il a choisi Beethoven. Tu te souviens. C'est ce que je t'avais joué dans la salle de musique. Le mouvement lent et le rondeau. Nous étions tous les deux. Tu t'étais assis sur les gradins de la chorale et tu m'avais applaudi à la fin. Lui aussi m'a applaudi. Mais ça n'était pas pareil ! Toi, il faudrait que tu viennes nous voir à Cambridge. Je te jouerai ça à nouveau, si tu veux. Et peut-être sentirai-je là encore ce regard que nous échangeâmes, en silence, lorsque les notes se furent tues, et où se noua, sans un mot, notre amitié. Il y a cinq ans !

Tiens, éliminer Forester, j'y pense maintenant, c'est aussi laisser tomber ce faux problème du plagiat. Quelle importance ont ces querelles autour du fait que ton jeune héros plagie les écrit de ton Forestier, pardon Forester ? Certes, il a oublié de mettre des guillemets autour du texte qu'il a recopié, mais y a-t-il des guillemets autour des parcelles du corps de Forester, qui, depuis qu'il est mort, sont peut-être amalgamées déjà au corps d'un bel enfant ou d'un jeune tilleul ? Tu n'as qu'à lire à ce sujet le premier chapitre de Siegfried et le Limousin de Jean Giraudoux (que je suis en train de lire pour notre club !), et tu verras très bien ce que je veux dire !!!

Sinon, ça n'est pas parce que tu es un garçon que tu n'aurais pas pu faire de ton héros une héroïne. Surtout que pour un film, tu sais d'avance que l'actrice qui en tiendra le rôle saura, par son corps même, y insuffler toute la féminité que tu n'auras pu atteindre, et qui est cette manière d'être, physiquement, dans un corps qui, par ses formes et par ses rythmes, n'aura jamais été, au moins depuis toujours et pour toujours, le vôtre Mais de toute façon, c'est trop tard ! Puisque ton scénario a été accepté, c'est qu'il est excellent. Et même s'il ne figure pas sous ton nom au générique, je dirai à tout le monde que c'est toi qui l'a écrit ! Et tu deviendras célèbre, Jamal, j'en suis sûre !!!

Voilà Jamal, mon disque de Joe Sample est fini : ça fait donc plus de 50'26" que je t'écris Je suis désolée d'être si bavarde. Je t'embrasse bien fort en finissant cette lettre. Mes doigts sont tout crispés sur mon stylo plume, et quand je vois le nombre de pages que j'ai noircies, j'ai honte d'abuser autant de toi ! Juste après avoir cacheté l'enveloppe et mis ton adresse, je vais appeler la fille du critique de Newport (elle s'appelle Clara, presque comme moi !) J'ai son numéro à New York, elle me l'avait laissé, le soir, après m'avoir fait faire en Cobra le tour des villas du coin J'irai peut-être la voir ce week-end. Je ne sais pas ce qu'elle sera en train de travailler au violon. Si ça marche, je posterai ta lettre de là-bas. Ça nous rappellera de bons souvenirs, non ?

Juste une chose pour finir. Il y a une autre phrase chez Bossuet qui commence par " Car ", je te la donne pour te faire réfléchir sur les carrières qui nous attendent (je ne la connais pas par coeur, celle-ci, mais je sais où la retrouver, donc je viens de prendre mon livre pour la recopier) : " Avec tant de grandes et tant d'aimables qualités, qui eût pu lui refuser son admiration ? Mais avec son crédit, avec sa puissance, qui n'eût voulu s'attacher à elle ? N'allait-elle pas gagner tous les coeurs, c'est-à-dire, la seule chose qu'ont à gagner ceux à qui la naissance et la fortune semblent tout donner ? Et si cette haute élévation est un précipice affreux pour les chrétiens, ne puis-je pas dire, Messieurs, pour me servir des paroles fortes du plus grave des historiens, qu'elle allait être précipitée dans la gloire ? Car quelle créature fut jamais plus propre à être l'idole du monde ? "