A propos de Mulholland Drive de David Lynch

C'est bien la première fois que ça m'arrive. D'habitude, en sortant d'une projection, j'ai une idée assez claire de ce que je viens de voir, de l'histoire qui m'a été racontée. Même Lost Highway m'avait semblé d'une clarté incroyable.

A la fin de Mulholland Drive, j'étais pétrifié, le cerveau vide. Détruit. Réduit au silence.

Ce n'est que petit à petit que quelques pièces du puzzle se sont mises en place, que le film a gagné en cohérence, si tant est qu'un cauchemar puisse l'être vraiment.

L'avantage avec ce film, c'est que je vais pouvoir vous spoiler à fond sans rien vous dévoiler de ce que vous allez voir, et si vous avez déjà vécu ce rêve, il est fort probable que ce que je vais vous dire sera différent de votre vision... Et c'est tant mieux, non?

Allons-y!

Une jeune femme rêve de devenir actrice. Elle vient s'installer à Los Angeles pour réaliser ce rêve. Lors d'un casting, elle rencontre une autre actrice, femme à la beauté troublante. Les deux femmes veulent toutes les deux le premier rôle, mais c'est l'autre qui est choisie. C'est l'autre qui sera choisie aussi par le réalisateur pour partager sa vie. C'est l'autre qui tiendra le rôle de sa vie rêvée. Elle aurait voulu devenir une star, ou pour le moins une grande actrice. Elle aurait voulu, peut-être, se faire aimer de l'autre. Elle aurait voulu. Elle aurait. Elle.

Mais les rêves, parfois, se transforment en cauchemar, l'amour en jalousie, puis en haine. Et la jalousie la conduit à la folie. Une folie meurtrière. Elle engage un tueur, pour éliminer sa rivale. Celle qu'elle aurait tant voulu être, celle qu'elle aurait tant voulu aimer. Plusieurs jours plus tard la clef bleue, symbole de la réussite du contrat, l'attend chez elle, prête à ouvrir la boite de Pandore.

Enfin, elle va pouvoir prendre sa vraie place. Sa vraie place dans ce film, si important pour elle.

Sauf que...

Sauf que le réalisateur, fou de douleur, décide de stopper la production, et refuse de remplacer son actrice principale.

C'est en l'apprenant, rongée par les remords, accablée par l'horreur dont elle s'est rendue responsable, qu'elle perd définitivement pied et se suicide, dans la solitude de son appartement.

Et c'est alors qu'elle est en train de mourir, que son cerveau se met à nous raconter son histoire, par bribes, réelles, rêvées, fantasmées ou cauchemardées. Une histoire où les personnages se croisent, parfois interchangeables, et où la Mort, elle-même, fait parfois son apparition, moqueuse, comme pour nous rappeler que tout celà n'est que l'illusion d'une fausse vie...

Silencio!