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vendredi 19 novembre 1999

Un flim en bouse blanche

A propos de Jeanne d'Arc de Luc Besson

J'aurais dû m'en douter. Tout avait très mal commencé, et ça aurait du être un signe. Vous comprenez, au Gaumont, dans la grande salle, il passent en avant programme un show laser et techno des plus débiles. En général, je supporte ces inepties avec une patience de Jedi en me disant que, finalement, les gars qui ont pondu ça doivent bien rigoler en comptant leurs sous. Mais là, en allant voir Jeanne d'Arc, je n'ai plus supporté. Je veux que cet innommable popcorn visuel cesse immédiatement. Yen a marre. Bon, bref, tout ça pour vous dire que moi aussi, j'ai entendu une voix. Une voix très forte qui me disait: "c'est une prémonition, ce flim va être une merde". Oui, je ne sais pas pourquoi, mais cette voix ne sait pas dire film. Elle dit flim. C'est comme ça. On ne peut rien y faire. C'est une voix.

L'histoire? Elle est simple. Jeanne vit heureuse avec ses parents et sa sœur, et son tonton Besson crée pour elle des paysages de conte de fée. Avec des jolies couleurs. Et puis tout à coup, les méchants anglais viennent violer et tuer. Les couleurs virent au gris. Alors Jeanne qui veut retrouver les couleurs de son enfance jolie va voir le futur Roi de France et le convainc de lui confier une armée. Et puis elle se bagarre et elle se salit beaucoup. Parce que c'est salissant la guerre. Et puis on la trahit et on la brûle. Enfin, avant de la brûler, on la juge un peu et Dustin Hoffman vient lui parler et la confesser. Il est déguisé en Obi Wan Kenobi, mais c'est bien Dustin Hoffman.

J'aime beaucoup Luc Besson. Dans un monde qui s'effondre, cet homme reste monolithique. Le Golden Boy ™ du Cinéma Français ® continue à réaliser de sombres merdes, imperturbable (enfin, à part "Léon", mais il devait être malade). Encore une fois, Besson a décidé de réaliser une bande dessinée. Avec son personnage principal torturé et des apparitions grotesques en guise de personnages secondaires. Tcheky Karyo, Vincent Cassel et Pascal Greggory deviennent sous l'œil du réalisateur les Benny Hill de Jeanne. Rigolos, mais pas franchement indispensables. Dingo et Mickey font la guerre, en somme. Jeanne, quant à elle, crie beaucoup, se bagarre un peu, a des visions un peu nunuches et part au bûcher heureuse, confessée. Ouf, ils ne feront pas une suite.

Enfin, je me moque, mais je ne vous explique rien. On sent que ce projet était important pour Besson. On sent aussi qu'il porte le plus grand respect à son personnage. Le problème, c'est que du coup, il n'ose pas prendre de réel parti pris. Jeanne d'Arc a des visions, elle se bat pour Dieu. Ou bien pour elle même. Elle aime Dieu. Elle s'aime bien aussi. Elle est illuminée. Ou bien hérétique. Ou bien complétement folle (d'ailleurs je penche pour cette dernière solution, parce que le jour où je verrai Dustin Hoffman déguisé en Jedi venir me parler dans une cellule, il sera temps de la capitoner. La cellule.). De bonnes questions. De vieilles questions. Pas de quoi mettre un chat dans un sac pour lui donner des coups de bâton. Pas la moindre esquisse de réponse, en tout cas.

Que l'entreprise soit un peu creuse et vaine, passe encore. J'aime beaucoup les films creux et vains. À condition qu'ils me distraient. Je veux au moins passer un bon moment. Malheureusement, Jeanne d'Arc est à peu près aussi distrayant que trente ans de prison. Ferme. Oui, on s'ennuie ferme avec Jeanne. Imaginez un épisode de "l'homme du Picardie" qui durerait 2hres 40 et vous serez encore loin de la montagne d'ennui qui se dégage de Jeanne d'Arc.

Alors que j'étais en train d'expliquer cela à une pauvre victime, avec force mouvements et postillons, celle ci a tenté de me coincer en me disant: "oui, tout ça, mais Luc Besson est visuellement très fort". C'est vrai. D'habitude, les films de Besson sont beaux à pleurer, mais pour le coup, on dirait qu'il n'a pas osé. Entre l'imagerie "petite maison dans la prairie" (© Sylve 99) du début, la grisaille boueuse de la guerre et les fastes colorés du clergé, tout fleure bon le déjà vu, le déjà senti, le picturalement correct, le pas top, tendance nul. Même la mise en scène naguère très rentre dedans s'est assagie jusqu'à n'être plus rien. Un vague téléfilm. Avec une musique d'ascenseur.

Parlons en, de cette musique. Eric Serra, depuis longtemps musicos attitré du gros barbu, ne fait jamais dans la dentelle, mais en tout cas ne dérange pas. Sa musique de supermarché passe d'habitude complétement inaperçu. D'habitude. Là, il s'est visiblement senti porté par son sujet. Et pris d'une frénésie créative inédite, il s'est retrouvé face à face avec le néant. Avec son absence de talent. Chié. Alors quand le Besson lui a demandé un truc "genre Carmina Burana" pour la scène du bûcher, Serra s'est empressé de pondre un ersatz pitoyable et décaféiné. A vomir.

En fait, je relis ce texte et je m'aperçois que je suis un homme comblé et que ma critique n'a pas de chute. Luc Besson était né pour merder ce film. Il a accompli son destin. Il peut maintenant retourner chez lui, heureux, accompagné de la voix dans ma tête: "C'est bien, Luc. Tu as en quelque sorte réalisé le flim de ta carrière". Ce qui nous donne une chute. Parce que c'est important, une chute.

jeudi 4 novembre 1999

A la Gay Pride

A propos de Star Wars Episode 1 The Phantom Menace de George Lucas

Par Elodie

Me revoilà!

Je me suis enfin décidée à voir l'épisode 1 de la 1ère trilogie et voici mes impressions à chaud. Deux possibilités s'offraient à moi : le mastodonte Kinepolis, où il n'y a jamais de VO, ultra fréquenté mais où la qualité du son et de l'image..... ou le Majestic, seul ciné lillois ayant choisi la VO. En bonne angliciste que je suis, je choisis donc la 2ème option (7 personnes dans la salle!)

Je ne suis pas, contrairement au maître de ces lieux, une fan de la 1ère heure et mon enfance n'a pas été bercée par les Jedi, bons ou mauvais, et autres Leia et Yoda. C'est un bon film, magistralement orchestré,.... La scène d'adieu entre le jeune Anakin et sa maman m'a émue (je vous l'ai dèjà dit je suis bon public!), le combat entre Qui-Gon Jinn, Obi-Wan et Darth Maul superbe (quoique les coupures un peu longues à mon goût m'ont gaché le plaisir) ; quant à la scène finale........ On se serait cru à la love parade ou plutôt dans une gay-pride! J'ai lu quelque part que la communauté homosexuelle s'était offusquée du côté efféminé des Gungans (quelque chose dans ce goût là) ; ils n'avaient pas tort. La scène finale donc m'a fait sourire.

J'irai voir l'épisode suivant, je me replongerai dans les trois premiers épisodes quand j'aurai le temps (Pinpin help!) et vous me lirez peut-être encore si je survis.